kermitt31 a écrit:Salut Flatfab,
Ta réponse éveille ma curiosité. Je tiens à préciser, parce qu'il est parfois difficile de retranscrire le ton d'un propos dans un écrit, qu'il n'y a vraiment aucune animosité dans les questions qui suivent, juste un réel intérêt pour le sujet... et aucune (ou très très peu) de connaissance sur le sujet !!
Qu'est-ce qui te fait répondre que cela concerne potentiellement tous les gilets airbag électroniques autonomes ?
Est-ce qu'il y a d'autres cas avérés pour les autres marques ? Est-ce que les restrictions de déclenchement des autres gilets sont similaires ?
Est-ce que ta réponse est à prendre dans le sens : pas d'infos des autres constructeurs donc peut-être que c'est pareil ?
Merci d'avance !
Salut,
Qu’il soit filaire ou radiocommandé ou autonome, le mécanisme de déclenchement, mécanique (par câble) ou électronique, peut ne pas fonctionner.
Les airbags de dernière génération sont tous sans fil. Aucun élément matériel ne relie le motard à la moto. Les capteurs sont embarqués dans un gilet ou une veste, complètement autonome. Des accéléromètres détectent les chocs, des gyroscopes calculent les angles et un processeur analyse l’ensemble : si l’un ou l’autre des paramètres constate une anomalie, le déclenchement est instantané.
Dit comme ça, cela semble la solution parfaite…
Dans la réalité, ces systèmes présentent aussi des inconvénients.
Primo, il faut penser à recharger la batterie du gilet. Un airbag filaire ne peut jamais tomber en panne, à condition de penser à se clipser. Un airbag intégré à la moto est alimenté par la machine. Dans le cas d’un airbag électronique à porter sur soi, le système a besoin d’énergie électrique. Il faut penser à vérifier régulièrement la charge de la batterie et à recharger celle-ci dès que nécessaire, en veillant à garder de la marge par rapport à l’autonomie annoncée.
Secundo, dans la mesure où le système est électronique et son déclenchement est décidé par des algorithmes prévus par le constructeur, vous ne pouvez jamais être certain que le système va se déclencher quand vous en aurez besoin.
Il y a autant de risques de déclenchements intempestifs que de non-déclenchements en cas de chute.
Les algorithmes analysent de très nombreux paramètres en temps réel et si un seul paramètre manque à la séquence, le calculateur choisit de ne pas déclencher.
Tertio, ces systèmes électroniques nécessitent une maintenance régulière.
Nombre de ces produits imposent des « révisions », à des fréquences variables (une fois par an ou tous les deux ans), pour lesquelles le client doit soit passer en magasin, soit renvoyer le produit en usine.
Dans la mesure où la plupart d’entre eux s’appuient sur des algorithmes de déclenchement, le logiciel du système doit être mis à jour régulièrement afin de bénéficier des nouveautés et corrections.
L’algorithme des gilets de 2e ou 3e génération peut ne pas comprendre les circonstances de votre chute, surtout si elle se produit en dehors du cadre prévu (sur circuit ou en tout-terrain, par exemple).
Même si vous chutez dans un cadre qui semble devoir déclencher l’airbag, l’algorithme peut ne pas déclencher parce qu’il lui manque un paramètre ou parce qu’il n’a pas été mis à jour.
On touche là à un fondement du gilet électronique autonome, ce qui ne concerne pas que le gilet Ixon U-03, ni même que la technologie In&motion.
Le boîtier électronique analyse la situation plusieurs milliers de fois par seconde et peut déclencher le gonflement du gilet airbag en 55 millisecondes.
Très bien !
Encore faut-il que l’algorithme détecte la nécessité de déclencher l’airbag.
Or en l’état actuel des choses (fin 2019), l’algorithme In&motion en mode route ne déclenche l’airbag que pour les chutes :
- en mouvement,
- avec collision de la moto (contre une voiture ou un obstacle),
- à une vitesse au-dessus de 25 km/h,
- pour un angle de chute compris entre 45° et 130°.
Toute autre situation est perçue comme ne nécessitant pas un déclenchement de l’airbag, comme trop rare ou pas assez grave.
Le problème est que du coup, l’airbag ne se déclenche pas dans un grand nombre de situations pas si rares que ça et dans lesquelles le motard pourrait bien avoir besoin de protection.
Par exemple :
- collision à l’arrêt par l’arrière (fréquent en ville) ;
- glissade du motard sans choc avec un obstacle ;
- chute en « low side » avec un angle de chute de moins de 45°.
Discours officiel :
Nos équipes travaillent au quotidien à l’amélioration de notre algorithme afin de couvrir un maximum de chutes lorsque cela est nécessaire.
Source : Customer Care In&motion
C’est-à-dire « lorsque cela est jugé nécessaire par l’algorithme », pas par l’utilisateur !
« Un maximum de chutes », cela signifie « pas toutes ».
« L’amélioration de l’algorithme » veut dire qu’il n’est pas parfait, pas encore abouti.
Le problème fondamental avec cette technologie est que le motard (qui a investi une somme substantielle) n’est jamais certain que son airbag va se déclencher quand il en aura besoin.
Peut-être… mais peut-être pas !